Le ministre de l'Éducation propose de créer des classes expérimentales non-mixtes, pour résoudre les problèmes de coexistence des filles et des garçons [FR] [2003]

Proposition faite oralement en février 2003 par le ministre de l'Éducation de créer des classes expérimentales non-mixtes, pour résoudre les problèmes de coexistence des filles et des garçons dans l'espace scolaire.
 
Atout femmes: jouer la carte de l'égalité


Intervention de Monsieur Xavier Darcos, ministre délégué à l'enseignement scolaire lors de la Conférence de l'Egalité au ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité à l'occasion des manifestations pour la célébration du 8 mars 2003 (jeudi 6 mars 2003)


 
Madame et Messieurs les Ministres,
Mesdames les Présidentes,
Messieurs les Présidents,
Mesdames les Directrices,
Mesdames,
Messieurs,


Notre pays doit offrir à tous les jeunes, filles et garçons, les mêmes perspectives de réussite professionnelle et personnelle. C'est pourquoi l'Education nationale mène depuis plusieurs années une politique déterminée en faveur de l'égalité entre les filles et les garçons. Je souhaite, pour ma part, renforcer la mobilisation de nos personnels à ce sujet.

Actuellement, notre action s'inscrit dans le cadre d'une convention interministérielle qui a été signée en 2000 et qui concerne neuf ministères.
Un comité interministériel présidé par Madame Belloubet-Frier, rectrice de l'académie de Toulouse, est chargé de l'impulsion de la politique en matière d'égalité dans le système éducatif, aussi bien au niveau national qu'au niveau des académies qui développent en ce domaine des actions de formation, d'information et de publication de documents.

La promotion de l'égalité est une priorité forte, qui se décline dans tous les domaines. Mais c'est dans la formation initiale que se jouent les choix décisifs en matière d'orientation scolaire bien sûr, mais également professionnelle. Je m'attacherai en ce qui me concerne à deux objectifs.

Le premier objectif est d'améliorer l'orientation scolaire et professionnelle des filles et des garçons et de veiller à l'adaptation de l'offre de formation initiale aux perspectives d'emploi.

Les filles ont théoriquement accès à tous les domaines professionnels et leur réussite scolaire n'est plus à démontrer. Mais on est bien obligé de constater aujourd'hui que les filières comme le marché du travail sont encore trop sexuées : aux filles, les formations littéraires ou tertiaires, aux garçons, les formations industrielles ou scientifiques.

Ces tendances lourdes évoluent très lentement. Les préjugés ont la vie dure. Il est très difficile de lutter contre les stéréotypes véhiculés par la société et qu'amplifient l'univers médiatique des jeunes, le cinéma, la presse et même les manuels scolaires. Les services d'orientation, les enseignants, les chefs d'établissement ont beaucoup de mal à convaincre les jeunes mais surtout leurs familles qu'il existe des possibilités inexploitées dans des professions très " sexuées " : infirmiers, métiers du bâtiment, ingénieurs.

Cependant on peut souligner quelques constats encourageants :
- Le diplôme est un vecteur important d'égalité entre les sexes. Les études montrent que les inégalités se réduisent au fur et à mesure que le niveau de formation s'élève.
- La diversification des choix de formation des filles semble fonctionner comme un levier d'égalisation des conditions d'insertion professionnelle entre les sexes.

On pense par exemple aux formations scientifiques où notre action se veut très volontariste compte tenu des besoins de la nation et des perspectives très prometteuses pour ces filières porteuses d'emploi sur le marché du travail.

Mais des éléments négatifs persistent aussi : les écarts de gains salariaux conséquents qui, toutes choses égales par ailleurs, témoignent dans le monde du travail de revenus féminins encore inférieurs à ceux des hommes.

Le problème dépasse là le champ de la formation initiale, mais constitue un frein réel au développement de l'égalité.
Des campagnes d'information au plus près des établissements permettent de lutter contre les préjugés. La participation du monde de l'entreprise est très appréciée, car les témoignages du terrain, de parcours de réussite ont bien plus de valeur aux yeux des élèves que toutes les statistiques et tous les discours qu'on peut leur tenir.

Le second objectif est de promouvoir une éducation fondée sur le respect mutuel des deux sexes. Cet objectif rejoint tout à fait les priorités qui sont les miennes, en particulier la lutte contre les violences scolaires et la politique de santé en faveur des élèves.

La lutte contre les violences sexistes et sexuelles est malheureusement encore d'actualité. On ne peut tolérer que des jeunes filles soient insultées, brimées, agressées à l'école. Nous devons leur assurer les meilleures conditions d'étude et de vie. Je serai très vigilant à ce sujet.

J'ai récemment présenté les grands axes de la politique que je souhaite conduire en ce qui concerne la santé des jeunes en milieu scolaire. L'éducation à la santé en est un axe fort. L'ensemble des élèves, filles et garçons depuis l'école jusqu'au lycée, doit pouvoir bénéficier de trois séances annuelles d'éducation à la sexualité.

Enfin, je suis très attaché au rôle des parents, de la famille, premiers éducateurs. Je compte installer très bientôt un groupe de travail pour réfléchir à une meilleure représentation du père et de la mère, quelle que soit la situation du couple, dans les différents conseils des établissements scolaires. Je crois en effet que favoriser l'implication active du père et de la mère dans la scolarité de l'enfant ne peut qu'aider à la reconnaissance et au respect mutuel des deux sexes.

On peut toutefois se demander en quoi la mixité, la parité peuvent favoriser l'égalité des chances. Il convient à cet égard de rappeler que l'école a toujours été un moyen d'émancipation pour les femmes.

La première étape a été celle de leur accès aux savoirs. Une autre fut celle de l'instauration de la mixité.

La mixité permet aux filles et aux garçons, élevés ensemble, de mieux se connaître. Elle a été instaurée pour des motifs économiques suite à la croissance rapide des effectifs scolaires à la fin des années 50. Elle s'est réalisée de manière progressive. Aujourd'hui, certains s'interrogent sur l'amélioration qualitative de la mixité.

Notre réflexion commence à peine sur cette question et je crois qu'il nous faut être pragmatique. Si certains établissements, par exemple, trouvent que l'éducation à la vie affective et sexuelle se passe mieux avec des groupes non mixtes, pourquoi pas ? Il n'est pas question pour autant de remettre en cause le principe général de la mixité.

De même, les établissements encouragent la parité lors des élections des délégués élèves aux différents conseils. Faut-il aller jusqu'à l'imposer?

A l'image de la méthode d'action gouvernementale, nous avons choisi sur ces questions de la mixité et de la parité une approche expérimentale fondée sur le dialogue et la proximité.

La ministre déléguée à la Parité et à l'Egalité professionnelle nous avait proposé de mener une expérience dans deux académies et deux régions pilotes. Les académies de Caen et de Rouen ont donné leur accord pour mener cette expérimentation. De cette observation au plus près du terrain et après analyse, nous tirerons des leçons pour mieux appliquer la convention et proposer les évolutions souhaitables.

L'égalité est un objectif à atteindre dans la formation des jeunes et leur éducation : égalité des droits, de traitement et des chances. La mixité et la parité peuvent être considérées comme des moyens pour tendre vers l'égalité. Notre ministère est particulièrement mobilisé sur cette question. L'école a comme mission de préparer par la formation et l'éducation l'avènement d'une société juste, équilibrée et dynamique.

Je vous remercie.